J'ai signé pour un Erard n°1

Bonsoir,

je suis un peu excité, je viens de m'engager sur un Erard 212 cm (n°78600 et quelques, donc de 1898). Le "5 barres" classique, 85 notes, cordes parallèles, étouffoirs par en-dessous, bouclettes séparées. Celui qui a été produit pendant des décennies.

Je l'ai eu pour un prix complètement dérisoire. La vendeuse est visiblement coincée par son délai de déménagement. Il n'est pas tout frais, bien sûr. Il est resté des années ouvert dans un appartement parisien (le premier battant et le cylindre). Il y a donc énormément de poussière dedans.

Il est désaccordé, mais certaines notes sont encore propres et pas loin du diapason. Son plus gros problème se situe au niveau de la table : 2 fentes parallèles aux cordes, sous la barre 1 et sous la barre 2 (en gros entre les trous de passage des goujons barres-barrage).

Il est complet, toutes les cordes y sont. La mécanique fonctionne, à part le sol du milieu dont le marteau revient mal (et la touche se trouve 2 mm plus haute ques les voisines). Les marteaux sont tout de même bien marqués. Le clavier ivoire est plutôt en bon état, certaines plaques sont fissurées, d'autres très légèrement ébréchées sur les coins du devant, mais rien de grave, franchement.

Avant mon choix, pendant la réflexion, j'ai longuement discuté avec mon accordeur, lui décrivant les anomalies. Il m'a expliqué que ces deux fentes sont classiques sur ces modèles, que le sien a ces deux fentes, et il le joue comme ça (c'est un passionné de facture ancienne, et ne jure que par "la mécanique d'Erard, la plus fiable"(*)). D'après lui, on peut éventuellement (si elles sont décollées) recoller les barres de table, c'est plus simple. Pour lui le problème est le risque au niveau du sommier, mais mes compétences s'arrêtent là : je ne sais pas déceler un sommier recouvert défaillant.

Je rentre chez moi, je retrouve mon Pleyel "3", tout les oppose : le Pleyel est rondouillard, trapu, l'Erard est carré et fin. Les touches du Pleyel sont un poil plus longues que celles de l'Erard, j'en suis sûr, sans mesurer.
204 contre 212cm. Croisées contre parallèles, mais à peu près de même longueur. La puissance sonore du Pleyel est tout de même bien supérieure : peut-être dû aux fentes de la table de l'Erard?.

Ne reste plus qu'à trouver rapidement des transporteurs. Et ce sont eux qui feront monter la note...

Je vais tâcher de mettre des photos

(*) cela dit, je n'ai jamais eu la moindre panne sur mon Pleyel.

Bonsoir,

il est enfin arrivé à la maison. Il est vraiment beau, je suis comme un gosse.

Quelques photos sur cet album (cliquer dans "Erard") : xavier-wohleber.magix.net/ J'ai profité de la lumière rasante pour prendre les photos. Du coup la poussière n'est pas faite. Je l'ai fait après, sauf pour la table sous les cordes.

Il y a quelques touches un peu ébréchées, une cloque sur le placage (on la voir sur le côté aigu), quelques rayures sur le vernis.

Il est désaccordé, mais pas loin du diapason. Pour moi le sommier est sain. J'ai voulu l'accorder, mais la clef dont je dispose est trop grosse : soit elle ripe, soit il y a trop de jeu (c'est valable aussi pour le Pleyel).

Dans la même pièce que le Pleyel, le puissance sonore est moins forte. Peut-être dû au marteaux bien marqués et aux quelques fentes sur la table? J'ai aussi quelques petits décollements de barres, tant qu'à faire.

Une corde (médium aigu) est manquante. Sur la même note, sa voisine a été changée : bouclette différente (et moins belle !) et surtout section plus grande (grrr).




Pour le radiateur, n'ayez crainte, il est maintenant neutralisé. D'ailleurs je vais éloigner le piano des fenêtres, pour le rapprocher du Pleyel.

D'ailleurs il porte le n° 76627, il est donc de 1897 et non de 98 comme je l'ai indiqué plus haut.

Ses touches blanches font 1,4 cm de moins que le Pleyel 88 notes. La partie sans dièse fait 4 mm de moins, les dièses font 1 cm de moins.

Il est magnifique ! J'adore cette allure ! Question puissance, il faut savoir que les cadres droit sont moins "péchu" que les croisés. Cependant, ils sont réputés pour rendre une note plus pure. C'est un instrument de précision, je crois avoir lu que les professionnels les redoutais un peu, c'est plus exigeant / sensible.

Je ne sais pas pour combien tu l'as eu mais un numéro 1 dans un belle etat d'origine vaut dans les 2000€... après le prix, j'estime que c'est secondaire lorsque l'on décide de rentrer un deuxième demi-queue chez soi...

Merci pour tes éloges, Kridge. Je suis de ton avis, l'Erard, tout est dans la finesse et la précision.
Je ne l'ai pas eu pour très cher (500€), mais il y a quand même du travail à faire. Que je ferai petit à petit, rien ne presse. Je vais réfléchir à un plan d'action, quitte à sous-traiter. Mon facteur est d'accord pour partager - et expliquer!

Note qu'à ce prix, il y en a encore un ou deux qui traînent sur Leboncoin. Il suffit que le piano soit désaccordé, et ça devient vite difficilement vendable. En plus dans mon cas je pense pouvoir l'amener au diapason !

Pour un 3/4, un grand demi, et/ou 88 notes, (toujours à cordes parallèles) à un prix de cet ordre, j'aurais été prêt à faire pas mal de kilomètres. Il a existé un 260cm à 88 notes qu'on voit régulièrement sur les annonces.

Une autre photo pour la route... Bon, OK, ça fait un peu marchand de pianos



Cordes croisées contre cordes parallèles !
Etouffoirs dessous contre étouffoirs dessus !
Liszt contre Chopin !