Les images qui suivent ont été récupérées sur la toile, en particulier sur les sites d'annonces ou d'enchères. Souvent, les vendeurs ont été interrogés pour la fourniture de renseignements ou d'autres photos. Nous les remercions au passage. Les annonces non taguées de l'antipathique "curieux s'abstenir" sont appréciées. D'ailleurs, cette mention incite-t-elle à l'achat ?

D'autres photos, de meilleures qualité, proviennent des membres de FAN d'ERARD

Les pianos carrés

Le premier piano contruit par Sébastien Érard fut un piano carré (5 octaves, 61 notes). Jusqu'à la moité du XIXème siècle, le piano d'appartement n'était pas un piano droit mais un piano carré. Le piano carré bénéficiait alors des derniers développements du piano à queue (notamment mécanisme à répétition).

Une page Facebook présente un carré de 1837 chez un membre de FAN D'ERARD

Un carré de 1839

6 octaves 1/2.

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2 barres de renfort, la lyre passe au travers de la barre transversale.

Ce piano porte le n° 14377. D'après le registre Erard, il a été construit et vendu en avril 1839, à M. Poirée près d'Orléans. Le professeur qui oeuvra sur ce piano le premier fut M. Dutfoy.
En vente en 2012 sur Leboncoin.

Les pianos à queue de salon

Ce sont les pianos à queue les plus courants. Dans l'appelation familière, il s'agit des quarts, des demis et des trois-quarts de queue que l'on trouve dans les salons et, à une certaine époque, dans les conservatoires.

Le classique Modèle n°1

Ce modèle a été successivement appelé "Petit modèle N°2", "N°1 modèle ordinaire", puis "N°1 demi-queue". Il est très courant : il a été fabriqué de 1850 à 1931 en 10.280 exemplaires. Les conservatoires en regorgeaient, et c'était l'instrument de Maurice Ravel. Il est important de rappeler que ses concertos ont été composés sur ce piano, à cordes parallèles. 

En voici un de 1897, en état d'origine, non restauré, accordé au la 440 Hz, tenant parfaitement et durablement l'accord. Le climat sec d'un appartement parisien a ouvert quelques fentes, qui se sont en partie refermées à son arrivée en Auvergne dans une maison en pierres scellées à la chaux (ce qui régule l'hygrométrie). Deux cordes aiguës ont été changées, en respectant les bouclettes "à la française"; les marteaux ont été poncés, et deux d'entre eux ont été réparés, cassés au niveau de la fourche. Le voici à son arrivée, après des années d'inutilisation, la table encore toute poussiéreuse. Le clavier sera très facile à dresser : il y a quelques inversions de touches, notamment entre des fa et des do. Remises dans le bon ordre, l'alignement est fortement amélioré! Remarquez qu'il manque la barre de repos des marteaux. Cette barre sera vite retrouvée ches Manceaux-Guillemenot à Paris, à la bonne cote. Le S.A.V. 113 ans plus tard, avec Érard, ça marche!

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Le Modèle n°2

Ce piano mesurant 2 m 48 est un trois-quart de queue ; on peut d'ailleurs hésiter à le classer dans les pianos de concert. Mais compte tenu du fait que jusqu'au bout il aura conservé une architecture extrêmement proche de celle du petit frère, le n°1 2 m 12, on le classera dans les pianos de salon.

Il s'appelait modèle n°4 jusqu'en 1864. Il sera produit jusqu'en 1918 semble-t-il (avec une tessiture à 88 notes ; le dernier 85 notes a été produit en 1904 [RB]).

Un Modèle n°2 (2 m 45, 3 barres et 85 touches)

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Ce piano porte le n° 59276. D'après le registre Erard, il a été construit en avril 1884 et vendu en juillet, à Monsieur le Comte de Musy à Digoin. Le professeur qui oeuvra sur ce piano le premier fut M. Giraudeau.

Les pianos de concert

Les pianos de concert sont la vitrine du facteur de piano. On retrouve dès les débuts (1789) des traces de fabrication de "pianos en forme de clavecin". En 1839, on trouve des pianos à queue, "grand modèle", 6 barres, 2 m 40, à 6 1/2 ou 7 octaves.
En 1849, il passe à 2 m 55, 6 barres, "modèle H". En 1868, il passe à 7 octaves 1/4 (88 notes) et s'appelle modèle n° 3 depuis 1864. En 1871 apparaît un second piano de concert, 2 m 60. Ce piano passe à 7 octaves 1/2 (sol-do) en 1877.

Le Modèle n°3 de Thibault Lam Quang

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Photos Gregor Podgorski

Il s'agit d'un piano de concert, visiblement fabriqué entre 1880 et 1900, au vu du pupitre. Il mesure 2 m 55, cordes parallèles, 88 touches. Son cadre est constitué de 5 barres de section rectangulaire simple.

Un autre Modèle n°3

Le modèle standard de concert : 2 m 55, 5 barres, du la à l'ut.

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Ci-dessus la fameuse "barre harmonique" qui consolide la structure, en particulier la tenue du sommier dans les aigus. Brevet de 1838 [RB]

"Exceptionnel Extra Grand queue de concert Erard 1891
provenant de la collection du célèbre pianiste Jorg Demus"

Invendu à 6.000,00 € sur le site d'enchères. On voit autour d'autres belles pièces
Piano de concert extra grand modèle de concert fabriqué par Erard à Paris en 1891, n°68004.
Longueur : 260 cm (l'annonce exagère de 5 cm!). Clavier ivoire et ébène 88 touches (la-do).
Ebénisterie en palissandre verni (quelques petits accidents de placage).
Partie instrumentale restaurée. Le pupitre est manquant
Sonorité puissante et brillante. Ce piano provient de la collection du célèbre pianiste autrichien Jörg Demus.

Il ressemble beaucoup au piano de Thibault Lam Quang : un "5 barres" 88 touches.

Le modèle 3 bis (2 m 60)

Cette série de pianos de concert, rare, a été fabriqué entre 1871 et 1931 (au catalogue jusqu'en 1936).
En 1877, il passe à 90 notes.
En 1917, il croise ses cordes.

Un 3 bis parallèle 90 notes de 1880

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Ce piano porte le n° 54465 ; d'après le registre Erard, il a été construit en septembre 1880 et vendu en octobre, à MM. Gould frères à Paris. Il est mis en vente en 2014 au Brésil pour la modeste somme de 35 000 réals (environ 17 k€).

Un 3 bis croisé 90 notes de 1925

Un modèle vraiment particulier. Unique, fabriqué sur commande. Il a fait l'objet récemment d'une belle restauration.

Sa propriétaire, enthousiaste, raconte :

Peut-être connaissez vous ce piano, ou l'un de ses jumeaux (peu nombreux) ? 
Cordes croisées : il est de février 1925 , numéro 113639. 
Offert par un ambassadeur à sa fille, élève au conservatoire de Paris. Ses initiales sont "C.C." Plaqué de bois Vermeil (souvent appelé un peu à tort : Bois de Rose) bronzes dorés d'un modèle unique, intérieur : érable moucheté, 2,60m, 1,62m, 90 notes. Il sent bon (baume du Pérou, Myroxylon balsamum). 
Presque 90 ans mais toujours jeune, aucune ride ... Un ravissant mastodonte aux sons perles-cerises.

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détail du placage de Vermeil, coupe du pourtour finement ciselé, initiales de la jeune fille, pédales fort travaillées, erable moucheté, mécanique à 90 notes